Paris: Ouverture du Sommet pour un nouveau pacte financier

Entrée Sommet pour un nouveau pacte financier- Palais Brognard-Paris- Crédit Photo: Houmi Ahamed-Mikidache

Paris: Ouverture du Sommet pour un nouveau pacte financier

A Paris, une quarantaine de chefs d’Etat et de représentants de gouvernement se réunissent aujourd’hui. Tous les continents devraient être représentés. L’architecture financière mondiale est au centre des discussions. Explications. 

Entrée Sommet pour un nouveau pacte financier- Palais Brognard-Paris- Crédit Photo: Houmi Ahamed-Mikidache
Entrée du Sommet pour un nouveau pacte financier- Palais Brognard-Paris- Crédit Photo: Houmi Ahamed-Mikidache

Par Houmi Ahamed-Mikidache 

Huit mois après la décision historique adoptée à la COP 27 pour le financement des pertes et dommages, Emmanuel Macron, président de la République française, organise aujourd’hui pendant deux jours un Sommet pour un nouveau pacte financier. Il est soutenu par la Première Ministre de la Barbade. Ce sommet a pour ambition de communiquer autour de l’architecture financière internationale, notamment celle sur le financement climat. Or, les 100 milliards de dollars à partir de 2020, promis en 2009 et réaffirmés à Paris lors de la COP 21 n’ont toujours pas été honorés par les pays développés.

 » Le système financier doit accepter collectivement plus de risques« 

Un rapport de l’ONG Oxfam publié le 5 juin dernier montre qu’il existe une incompatibilité entre l’affirmation des donateurs et la situation réelle du financement pour le climat. Alors que les donateurs affirment avoir mobilisé 83,3 milliards de dollars en 2020, Oxfam précise que la valeur réelle des dépenses est de 24,5 milliards. Les 83,3 milliards de dollars sont une surestimation qui comprend des projets pour lesquels l’objectif climatique a été surévalué ou des prêts mentionnés à leur valeur nominale. 

Inscrit dans l’accord de Paris, le financement climat n’a toujours pas été obtenu par les pays en voie de développement, huit ans après l’adoption de cet accord . Le Sommet qui n’entre pas dans le cadre des négociations de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique ni dans un quelconque processus de négociations multilatérales, n’est autre qu’un Sommet de communication et d’impulsion, d’après certains observateurs. 

Toute l’année 2022, Mia Mottley et Emmanuel Macron ont pensé à l’organisation de cet évènement pour traiter de toutes les dimensions d’un système financier qui, souligne l’économiste Laurence Tubiana, lors d’une conférence de presse organisée lundi 19 juin, par le réseau international Global Strategic Communications , doit  accepter collectivement plus de risques. 

“ Ce sommet reprend l’idée que le système financier international, malgré ce qui a été évoqué dans l’accord de Paris ne répond pas à la lutte contre le changement climatique et aux coûts imposés aux pays victimes de catastrophes naturelles, non responsables du changement climatique. C’est devenu un problème urgent”explique la directrice de la European Climate Foundation. 

Face à la contradiction

L’ancienne négociatrice en chef de la délégation française à la COP 21, architecte de l’Accord de Paris, rappelle que depuis l’adoption de cet accord , les flux financiers en direction de l’adaptation sont quasiment absents, ceux pour l’atténuation sont limités et ceux destinés aux pertes et dommages sont inexistants. 

Or l’Accord de Paris, dans l’article 2, point c, stipule   que les flux financiers doivent être rendus compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de carbone, permettant la limitation de l’élévation de la température à 1,5%.  Les fonds ne sont pourtant pas au rendez-vous. 1000 milliards par an devaient être investis pour les pays en voie de développement, rappelle Laurence Tubiana en citant le rapport rédigé par les économistes Nicholas Stern et Vera Songwe, un rapport présenté à la COP 27.

Ces dernières années, les énergies fossiles prennent le dessus sur les énergies renouvelables et sont de plus en prisées. La guerre en Ukraine a accentué cette dépendance. L’article 2 de l’accord de Paris est donc soumis à rude épreuve. Mentionnés dans l’article 2, « les principes d’équité et de responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, eu égard aux différentes situations nationales », sont régulièrement réclamées par les pays en développement dans les négociations.

Face à cette configuration contradictoire, entre les annonces de l’accord de Paris et la réalité sur le terrain, la Présidence française affirme vouloir poser les jalons d’une discussion franche sur le système financier global.  

Vers une solution?

“ L’idée est de trouver un cadre commun où les institutions de Bretton Woods sont contestées sur leur capacité à s’adapter notamment à la fragmentation géopolitique, à d’une certaine manière, à un recul du dollar, même s’il est relatif, comme monnaie de réserve, et aussi à cet énorme mur d’investissement auquel on est confronté”, décrit l’ ancienne directrice de l’Agence Française de Développement.  Les institutions de Bretton Woods, sont les institutions bancaires nées après la seconde guerre mondiale, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International. Certains observateurs les jugent obsolètes et en totale inadéquation avec la configuration mondiale.

La crise du COVID 19 a fragilisé les pays en voie de développement . « Les pays en voie de développement se trouvent confrontés à un problème d’asséchement de leur capacité d’emprunt au niveau international. Ils sont moins attractifs, puisque les taux d’intérêts dans les pays développés augmentent. 53 petits pays sont en risque de défaut de dettes », expose l’ancienne négociatrice française. Et de poursuivre: « On a un système qui ne marchent plus et ce sommet pour le climat veut essayer de trouver des nouvelles sources de financement, de faire accélérer le rôle des banques de développement pour offrir un cadre de garantie ». 

La principale difficulté de ce sommet est la marge de manœuvre. Plusieurs problématiques dans la problématique doivent être prises en compte. Les 100 000 milliards de financement climat par an attendus en 2020 seront-ils un jour versés ? La dette des pays en voie de développement sera-t-elle effacée? Les 100 000 milliards de promesse de droit des tirages spéciaux, monnaies du FMI seront-ils versés aux pays en voie de développement ? Quid du fonds pour les pertes et dommages. Des réponses seront-elles apportées sur les sources de financement de ce fonds ? 

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Eraenvironnement.com est un site internet français fondé en 2013 par Houmikouloussoumi ( Houmi) Ahamed à Paris. Il diffuse des articles spécialisés autour du journalisme de solutions. Les mots Era et Environnement sont deux mots anglais et français. Il signifient ère(  traduction du mot anglais era) et Environnement (mot français). Era Environnement représente une ambition globale  d'impulser une nouvelle approche de l'éducation environnementale à travers le journalisme. Anciennement situé à Paris, Era Environnement était une association de loi 1901 créée en 2016. Elle a été dissoute en 2017.  Le site internet publie régulièrement  des analyses sur les actions de coopération sud-sud ainsi que les relations nord-sud. Il traite des  informations sud-nord liées à l'environnement. Il traite du changement climatique et des questions de développement durable. Fin 2018, Houmi Ahamed s'installe aux Comores, dans l'Océan Indien. S'inscrivant dans sa démarche de journalisme de solutions et d'éducation environnementale, elle dirige en 2019 Era Environnement SARL, une entreprise créée en 2018 dans l'archipel des Comores. Era Environnement SARL mène au mois de novembre 2019 un projet significatif dans petit état insulaire, marquée par de nombreuses crises politiques. Cette initiative innovante vise à former dix jeunes femmes issues de zones rurales et côtières . Le cœur du projet est de mettre en lumière des solutions concrètes face au changement climatique en valorisant les savoirs traditionnels comoriens. Un accent particulier est mis alors sur le village natal des parents de Houmi Ahamed, soulignant l'importance d'une approche communautaire et enracinée dans la culture locale pour l'éducation environnementale.  Ce projet se concrétise par la création d'une radio en ligne, radio Era Environnement. Avec le soutien de l'UNESCO, cette initiative illustre l'engagement d'Era Environnement pour des actions pratiques et basées sur l'implication des communautés dans la compréhension des enjeux environnementaux. Aujourd'hui, l'entreprise ERA ENVIRONNEMENT SARL n'existe plus aux Comores. Elle est en phase de restructuration en France. Son objectif actuel  est de mettre en œuvre de nouveaux projets qui intègrent spécifiquement la jeunesse, soulignant ainsi davantage son engagement envers les générations futures et le développement durable.

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