Par Houmi Ahamed-Mikidache
A quelques semaines de la vingt-septième conférence des Nations Unies sur le Climat ( COP27) prévue en Egypte, du 6 au 18 novembre, le premier sommet mondial consacré à l’accélération de l’adaptation en Afrique organisé à Rotterdam aux Pays Bas ce lundi 5 septembre est considéré comme « une insulte et une complète humiliation pour les africains », d’après l’avocat camerounais Augustine Njamnshi, membre de l’Alliance Panafricaine pour la justice climatique ( PACJA).
Ce sommet organisé en Europe au Centre Mondial pour l’adaptation en collaboration avec l’Union Africaine, la Banque Africaine de Développement, le Fonds monétaire international, l’initiative d’adaptation pour l’Afrique et le Forum de la vulnérabilité climatique devait permettre d’accélérer le financement de l’initiative d’adaptation pour l’Afrique, une initiative lancée à Paris lors de la COP 21 avec pour ambition de mobiliser 25 milliards de dollars d’ici 2025.
Aux Pays-Bas, de nombreux chefs d’Etat européens ont brillé par leur absence. Les dirigeants de la France, du Danemark, de la Finlande et de la Norvège ne se sont pas déplacés. Les présidents africains du Sénégal, du Ghana et de la République du Congo, présents, ont regretté l’absence de leurs homologues européens.
« Les leaders des pays du nord ont ignoré cet événement parce qu’ils avaient d’autres choses à faire, » explique Njamnshi. Pour l’avocat, cette rencontre ne devait pas avoir lieu en Europe. « On nous a dit que les citoyens européens ne vont jamais accepter l’argument des africains que la souffrance liée au changement climatique en Afrique est provoquée par les pays du Nord et que ces pays ont pour obligation de compenser l’Afrique pour les dégâts causées par le réchauffement planétaire, » fait savoir l’activiste.
L’Afrique contribue moins de 3 % aux émissions de carbone, mais elle est la plus exposée aux effets dévastateurs du changement climatique. Les pays développés ont promis en 2009 de consacrer 100 milliards de dollars par an aux pays à faible revenu pour les aider à lutter contre le changement climatique, mais au moment de la Cop26 à Glasgow l’an dernier, l’objectif était loin d’être atteint. La question du financement de l’adaptation au changement climatique climat reste problématique. A Rotterdam, des engagements ont été réitérés : 23 millions de dollars par le Royaume Uni, 15 millions de dollars venant de la Norvège, 10 millions de dollars de la France et 7 millions de dollars du Danemark. « Ces fonds, souligne le représentant de PACJA, seront accueillis à Rotterdam, mais pas en Afrique et ce n’est rien comparé aux 25 milliards promis pour l’adaptation, » précise-t-il.
Le financement du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique est mobilisé par le biais de facilités de financement en amont et en aval approuvées par l’Union africaine. La facilité de financement en amont, gérée par le Centre mondial pour l’adaptation, vise une capitalisation de 250 millions de dollars d’investissements dans des stratégies d’adaptation. La facilité de financement en aval et la réserve climatique de la 16eme reconstitution du Fonds africain de Développement sont gérées par la Banque Africaine de Développement. A travers cette double stratégie la Banque Africaine de Développement affirme avoir permis au Programme d’Accélération de l’Adaptation en Afrique d’’intégrer des projets d’une valeur de plus de 3 milliards de dollars.
Pour l’activiste africain, ce sommet est une incohérence. « Un sommet de chefs d’Etat est toujours organisé par un chef d’Etat, celui-ci est organisé par un centre ! » s’étonne-t-il. A quelques semaines de la COP 27, la société civile africaine reste sceptique.