Par Houmi Ahamed-Mikidache
Sidi El Moctar Cheiguer, figure du journalisme, s’est éteint ce mercredi matin à Niamey au Niger. Citoyen mauritanien, Sidi, était le président du réseau des journalistes africains de l’environnement ( ANEJ). Il sera inhumé à Nouakchott en Mauritanie Samedi 1er avril.
Un savoir-faire inégalé
Conçu à Nairobi en 2002, ANEJ est une initiative soutenue par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Initialement, 20 journalistes font partie du réseau. Il y a 600 membres en 2021. Toutes les régions de l’Afrique sont représentées, l’Est, l’Ouest, le Centre, le Sud et le Nord. Sidi est élu président du réseau lors de la première élection et sera réélu par la suite. Pendant 21 ans, il anime et organise des rencontres internationales en Afrique sur les défis environnementaux du continent et de la planète. Les journalistes ont la possibilité d’échanger avec des experts nationaux et internationaux sur des sujets tels que le changement climatique, la biodiversité, la gestion des déchets ménagers et dangereux ou encore la gestion de l’eau et des zones humides.
Bien structurées et préparées, ces conférences ne souffrent d’aucune barrière linguistique. Des traducteurs professionnels sont mis à disposition. Ces conférences sont bien organisées avec des invitations nominatives, un programme détaillé pour chaque événement et une demande pour chaque journaliste : la diffusion de reportages audios et télévisés ou la publication d’articles dans les médias d’Afrique après chaque évènement. L’objectif de Sidi est clair : la sensibilisation autour des enjeux environnementaux en Afrique doit se faire par les médias, tous les médias des 54 pays du continent.
Un chef d’orchestre
Sidi, à travers ces invitations, a permis à de nombreux journalistes africains novices de se spécialiser dans le journalisme d’environnement. Des rubriques environnementales ont vu le jour dans la presse africaine et des médias spécialisés aussi. ANEJ a pu faire apparaître de nombreuses vocations de journalistes spécialisés et aussi la création d’antennes locales. Sidi, à travers sa rigueur et son professionnalisme, a fait briller ANEJ. Le réseau a été sollicité à de nombreuses reprises par l’UNESCO, le Programme des Nations Unies pour le Développement et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement. ANEJ a pu ainsi contribuer à la publication d’ouvrages sur la formation au journalisme d’environnement en Afrique. Ses journalistes ont été sollicités à plusieurs reprises pour diriger des formations. Sidi a fait passer de nombreux messages publiés dans la presse africaine et internationale. Ses tribunes pour la protection de l’Amazonie ou encore les résultats du rapport du GIEC en font foi.
Ces dernières années avec la pandémie de COVID 19, le réseau s’est déployé sur internet. ANEJ a intégré l’ère du numérique en organisant des webinaires pour former les journalistes. Cela a permis d’exposer les défis des professionnels des médias . ANEJ a réaffirmé aussi son engagement pour une meilleure sensibilisation des enjeux liés à la lutte contre les déchets et à la pollution de l’air.
Précurseur, visionnaire, chef d’orchestre, Sidi est l’un des premiers journalistes à croire au pouvoir de la presse pour changer le comportement des citoyens et des décideurs. Jusqu’au bout, il s’est battu pour convaincre. Sidi s’est éteint à l’âge de 64 ans et sera inhumé à Nouakchott en Mauritanie ce samedi après-midi. Paix à son âme.