Le cercle des Entreprises Engagées en France, une initiative lancée par l’ancien député François Michel LAMBERT, a organisé une conférence sur la pollution plastique, à veille des négociations sur le traité sur la pollution plastique, une réunion qui a lieu cette semaine du 29 mai au 2 juin 2023 . Cette conférence intitulée « Pollution plastique : une bombe à retardement ? » a réuni le 24 mai dernier des experts de hauts niveaux en présence de plus de 200 auditeurs. Retour sur les éléments clés du débat. Ecoutez le podcast, « Your Voice », la voix des experts avec François-Michel LAMBERT. Propos recueillis par Houmi AHAMED-MIKIDACHE.
Lire un extrait du podcast ci-après
Radio Era Environnement: Bonjour et bienvenue sur Radio Era Environnement, la radio de l’éducation environnementale. Je suis Houmi Ahamed Mikidache. Aujourd’hui , je reçois sur le podcast « Your Voice » la voix des Experts François-Michel Lambert, ancien député ( Europe Ecologie Les Verts), fondateur de l’Institut national de l’économie circulaire. C’est aussi le rapporteur de la proposition de loi de lutte contre la pollution plastique présentée en 2022. Bonjour François-Michel Lambert.
François-Michel Lambert: Bonjour. Bonjour à tout le monde!
Radio Era Environnement: À la veille de la conférence des Nations unies qui se tient à Paris dans le cadre des négociations en vue du traité international sur la pollution plastique, le Cercle des entreprises engagées a organisé une conférence sur la pollution plastique (24 mai). Que ressort t- il de cet événement?
François-Michel Lambert: L’évènement a réuni plus de 200 auditeurs, des dirigeants d’entreprises, des cadres supérieurs et des étudiants en école technique de management, des personnalités qui étaient sur scène mais aussi dans la salle. Il a permis de mettre en exergue que aujourd’hui, nous devons agir à la hauteur de l’enjeu qu’est la pollution plastique. Je me permets de rappeler que nous avions comme principaux intervenants Philippe Bolo, député du Maine et Loire, qui a apporté notamment un rapport « sur la pollution plastique, bombes à retardement » qui fut très clair. Nous avions et Emmanuel Gastaldi, l’une des plus brillantes chercheuses sur la question de la pollution en mer, les microparticules de plastiques. Nous avions Henri Bourgeois-Costa qui est le porte parole de la Fondation Tara Océan et Philippe Reutenaueur, un ingénieur chimiste qui, pendant des années, a participé à la production d’emballages en plastique et qui aujourd’hui a créé la fresque du plastique. Toutes ces personnalités, toutes les personnes présentes, tout le monde dit, il faut d’une manière ou d’une autre, c’est clair, réduire, réduire, réduire la production de plastique, que ce soit des emballages, que ce soit du textile, que ce soit dans les peintures, que ce soit dans différents objets. Il faut diviser très très vite le volume de plastique produit de par le monde.
Radio Era Environnement: Emmanuelle Gastaldi, vous l’avez cité experte en fin de vie des déchets plastiques, enseignante à l’université de Montpellier, je cite ce qu’elle dit, « on n’est pas prêt en France à supprimer totalement le plastique ». Comment voyez vous cette affirmation?
François Michel Lambert: Elle dit deux choses. Socialement, le plastique est tellement partout que c’est à une autre forme de société qu’il va falloir penser. Chacun peut réfléchir à la place du plastique. On va d’abord pensé aux emballages, après on va commencer à comprendre que c’est dans les voitures. Puis après que trois vêtements sur quatre comportent du plastique. Parfois, ils sont totalement en matières plastiques, que les peintures à utiliser sont à base de plastique. Et je pourrais décliner malheureusement à l’infini la place du plastique dans notre société. Je rappelle que c’est quand même le troisième matériau le plus fabriqué par l’homme après le ciment et l’acier. Donc c’est vraiment un volume considérable dans le plastique. Mais elle dit aussi que ce plastique, il existera toujours pour les questions de protection sanitaire, de durée de vie des produits alimentaires. Evidemment qu’on ne va pas supprimer le plastique dans les hôpitaux. Dans tout ce qui est sanitaire, on ne va pas réduire totalement et disparaître les plastiques du monde de l’alimentaire parce que il apporte une protection, une durée de vie allongée à nos produits et donc l’équilibre est difficile à lancer. Mais elle rappelle quand même qu’il y a beaucoup d’usages qui doivent disparaître.
Radio Era Environnement: De nombreux intervenants ont aussi évoqué la place des lobbies. Quelle est pour vous aujourd’hui la position que devraient avoir les députés sur la question des lobbies?
François-Michel Lambert: Les lobbies. Moi, j’ai toujours été très prudent avec ce terme. Tout le monde est quelque part un peu « lobby » et c’est normal que ceux qui vivent de la production de plastique, de la distribution de plastique, voire de la facilité que le plastique apporte dans leur business model, ne sont pas très tentés de s’en sortir, surtout si leurs concurrents, eux, continuent comme avant. Pour être très clair, la production des emballages plastiques, si quelqu’un souhaite passer à d’autres types d’emballages et que ça rend plus cher et moins compétitif et peut être même fragilise son produit, et bien cette personne se dira mon concurrent, lui, va toujours avoir un avantage concurrentiel. Donc, cela explique pourquoi tout est bloqué, et qu’il n’y a pas beaucoup de révolution en fonction de ceux qui vivent de la simple production plastique . C’est bien aux parlementaires, aux députés (d’agir). Quand j’étais député…je suis l’auteur de quasiment tous les interdits d’utilisation de papier les gobelets, les assiettes, les couverts, les pailles etc. C’est moi qui ai fait passer (la loi), pour commencer. C’est un chemin très très long. Bloquer l’usage du plastique dans certaines zones, dans certains quotidiens, et donc c’est ce que doivent faire les parlementaires. Moi je préconise qu’ils aillent beaucoup plus loin que ce que j’ai pu faire et notamment dans les interdits de plastique. Il y a encore beaucoup trop de plastique, par exemple dans les textiles ou beaucoup trop dans les emballages.