Par Houmi Ahamed-Mikidache
Du 1er au 2 mars 2023, plus de 20 pays représentatifs des grands bassins forestiers se sont retrouvés à Libreville au Gabon pour un One Forest Summit dédié à la recherche de solutions pour protéger les forêts tropicales. Ce sommet est intervenu quelques mois après la COP 15, relative à la Convention à la Diversité Biologique (CDB), en présence des deux chefs d’Etat de France et du Gabon, Emmanuel Macron et Ali Bongo Ondimba et de plusieurs représentants de la communauté scientifique, de la jeunesse africaine, du secteur privé et des peuples autochtones, mais aussi des dirigeants de l’UNESCO,de l’UICN, du Fonds pour l’environnement mondial et du Fonds vert pour le climat.
Le plan de Libreville
Au Gabon, lors du One Forest Summit, un programme de protection des forêts a été adopté quelques mois après la COP 15 sur la biodiversité. Durant la COP 15 relative à la Convention sur la Diversité Biologique, la Communauté internationale s’est engagée à protéger 30 % de la nature d’ici 2030. A Libreville, cet engagement a été repris dans le cadre d’un accord nommé le plan de Libreville. Ce plan repose sur cinq éléments présentés par les organisateurs du One Forest Summit comme fondamentaux : l’engagement politique contre la déforestation d’ici 2030, le principe de cohabitation entre l’homme et la nature, la volonté d’intégration des communautés dans le bénéfice du traitement des ressources, la protection des réserves de biodiversité ainsi que la rémunération liées aux activités de protection des forêts.
Lors de ce sommet sur la protection des écosystèmes forestiers , une cinquantaine de chefs d’entreprises, réunis dans un « One Forest Business Forum », ont lancé l’initiative 10by30 qui vise 10 millions d’emplois dans les activités liées à la gestion durable des forêts d’ici 2030. Plusieurs initiatives ont été présentées dans ce sens.
L’entreprise ARISE, présentée sur son site internet comme un développeur et opérateur d’écosystème industriel, dont les actionnaires sont Africa Finance Corporation ( AFC) et Olam s’est engagée à développer des plantations de bois énergie au Gabon (3000 ha), en République démocratique du Congo (3000 ha), au Togo (2000 ha), au Congo (3000 ha) ; et au Bénin (3000 ha) et à développer deux nouveaux centres de formation en partenariat avec les gouvernements locaux (en plus de ceux déjà existants au Bénin et au Togo). L’entreprise lance un fonds de 100 millions de dollars pour soutenir les PME, ainsi que des tournées de présentation en France, en Allemagne et en Italie, à partir d’avril, pour encourager les PME européennes à investir dans l’industrialisation durable et la transformation locale des ressources naturelles. Arise signera un MoU avec OKALA pour contribuer au suivi de la biodiversité au Gabon, financé à 80% par ATIF, co-actionnaire de l’ARISE. ARISE investit en République démocratique du Congo sur des zones industrielles dédiées à la transformation du bois et l’agriculture.
Plusieurs acteurs de la société civile gabonaise mécontents
Toutefois, il demeure des questionnements sur le financement du marché du carbone et l’intégration des communautés dans ce marché notamment au Gabon. Plusieurs acteurs de la société civile gabonaise se sont exprimés en amont de ce sommet et pendant l’événement pour alerter sur le positionnement du secteur privé dans les forêts gabonaises ainsi que l’absence de regard des autorités sur ces forêts. Ces acteurs ont aussi demandé l’intégration des communautés dans les discussions autour de la préservation des forêts.
Pour Ladislas Désirée Ndembet de l’ONG Muyissi Environnement, située à 490 km au sud de Libreville, la protection des forêts doit se faire en harmonie avec les communautés, mais les communautés ne sont pas souvent impliquées dans les activités liées à la gestion du patrimoine forestier de son pays. Dans le Podcast, Your Voice, l’activiste gabonais établit l’état des lieux de la situation des communautés au Gabon et apporte ses solutions.