Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ( GIEC) vient de publier le troisième volet de son sixième rapport consacré aux solutions pour atténuer le changement climatique. Nadia Maïzi, chercheuse à l’école des mines à Paris et auteure principale de ce rapport s’est entretenue avec Houmi Ahamed-Mikidache sur le podcast “Your Voice”, la voix des experts.
Nadia Maïzi, chercheuse à l’école des mines à Paris s’est entretenue avec Houmi Ahamed-Mikidache sur le podcast “Your Voice”, la voix des experts sur Radio Era Environnement, la radio de l’éducation environnementale. Elle est l’auteure principale du 3ème et dernier volet du 6ème cycle d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ( GIEC) dédié aux solutions pour atténuer le changement climatique publié le 4 avril.
Les villes, catalyseurs du changement
Le sixième rapport du GIEC, dont le troisième volet est consacré à l’atténuation indique une trajectoire à 3°C, mais les scientifiques concluent avec certitude qu’il existe une fenêtre d’opportunité brève et qui se referme rapidement pour limiter le réchauffement à 1,5°C d’ici 2100 (avec un dépassement limité ou nul). Ce rapport décrit la possibilité d’un avenir plus sûr et plus équitable, un monde électrifié, abordable et réalisable, alimenté principalement par des énergies renouvelables, où les villes sont des catalyseurs du changement et où les politiques encouragent positivement les changements de comportement du côté de la demande. Dans cet perspective, les énergies renouvelables contribuent à la sécurité énergétique et les politiques climatiques sont adoptées rapidement et de manière réfléchie, dans le respect du développement durable et en tenant compte de la nécessité de protéger la biodiversité.
Toutefois, les éléments scientifiques présentés par le GIEC montrent clairement de nombreux obstacles au changement. Les experts déclines ces problématiques. Le statu quo, la gestion néfaste des terres, les subventions aux énergies fossiles, l’expansion continue des infrastructures fonctionnant au charbon, au pétrole et au gaz bloquent la transformation à grande échelle dont la société a besoin, précisent-ils.
» Sans support financier bien élaboré et réparti vers les régions en détresse, on ne réglera pas le problème climatique »
D’après le GIEC, pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, le monde doit réduire les émissions annuelles de CO2 de 48 % d’ici à 2030 et atteindre un niveau net nul d’ici à 2050, tout en réduisant les émissions de méthane d’un tiers d’ici à 2030 et en les divisant presque par deux d’ici à 2050. Cela nécessite une transformation durable de l’ensemble du système énergétique, avec des réductions importantes de l’utilisation des énergies fossiles, un système électrique alimenté principalement par des énergies renouvelables, et une électrification généralisée. L’utilisation du charbon, du pétrole et du gaz doit être réduite de 100 %, 60 % et 70 % respectivement d’ici à 2050 dans les scénarios qui parviennent à limiter le réchauffement à 1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement limité. Les contributions actuelles déterminées au niveau national (NDC) dépasseront probablement 1,5 °C, et positionnent le monde sur la voie d’un réchauffement de 2,8 °C d’ici 2100. Le rapport du GIEC présente un inventaire de solutions dans tous les secteurs. » Il s’agit de réduire toutes les émissions de Gaz à effets de serre: la majorité de ces émissions vient de la consommation d’énergie, mais pas uniquement de cette source », souligne Nadia Maïzi sur le podcast » Your Voice ».
Les pays riches du monde sont en grande majorité les gros émetteurs. » 10% des pays des plus riches de la planète émettent 40% de gaz à effet de serre, pendant que 50% des plus pauvres émettent 15% de ces émissions de gaz à effet de serre, » décrit l’auteure principale du volet 3 du sixième rapport du GIEC sur l’atténuation, sur le podcast Your Voice. Le rapport du GIEC précise que les pays qui émettent le moins sont les plus vulnérables aux impacts climatiques. L’Amérique du Nord, l’Europe, l’Australie, le Japon et la Nouvelle-Zélande comptaient 22% de la population mondiale en 2019, mais ont contribué à 43% des émissions de carbone historiques cumulées entre 1850-2019. L’Afrique et l’Asie du Sud comptaient 61 % de la population mondiale en 2019, mais n’ont contribué qu’à hauteur de 11 %. L’accélération de l’aide financière accordée aux pays en développement par les pays développés est un moyen essentiel de renforcer l’atténuation et de remédier aux inégalités d’accès au financement, notamment en ce qui concerne les coûts, les conditions et la vulnérabilité économique des pays en développement face au changement climatique conclut le rapport. » Sans support financier bien élaboré et réparti vers les régions en détresse, on ne réglera pas le problème climatique, qui est un problème planétaire », fait savoir la chercheuse française sur « Your Voice ».