G20-Hambourg : Face au compromis, la France se positionne en leader du climat
Par Houmi Ahamed-Mikidache
08-07-2017
Les annonces françaises
Le président français Emmanuel Macron a annoncé ce samedi la tenue d’un sommet international sur le climat au mois de décembre prochain à Paris, un mois après la COP 23 et deux ans après la conférence des Nations Unies sur la climat organisée en France.« Deux ans après l’entrée en vigueur de l’accord de Paris, je réunirai un sommet afin de prendre de nouvelles actions pour le climat, notamment sur le plan financier : », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, à l’issue de la clôture du sommet du G20. Ce sommet permettra d’identifier les projets à financer, a-t-il poursuivi.
Cette annonce française est présentée quelques jours après la présentation du plan climat par Nicolas Hulot, son ministre de l’environnement. Un plan climat dont les objectifs sont de rendre irréversible la mise en œuvre de l’Accord de Paris ( respecter entre autres le droit de l’environnement), d’améliorer le quotidien de tous les Français, d’en finir avec les énergies fossiles et d’engager la France dans la neutralité carbone. L’ hexagone ambitionne aussi de devenir n°1 de l’économie verte, d’encourager le potentiel des écosystèmes et de l’agriculture et d’intensifier la mobiliser internationale sur la diplomatie climatique.
Au début du mois de juin, suite à l’annonce du président américain, Donald Trump, de se retirer de l’accord de Paris, le président Macron a lancé un appel international vidéo en français et en anglais, aux chercheurs, aux enseignants, aux entrepreneurs, aux associations et aux ONG, aux étudiants et à toute la société civile à se mobiliser et à rejoindre la France pour mener la lutte contre le réchauffement climatique.
Un appel qui s’est concrétisé récemment par une plateforme internet « Make Our Planet Great Again », un slogan détourné de la phrase de campagne du candidat Trump, pendant l’élection présidentielle américaine: « Make America Great Again ». L’ appel du président français vise à fédérer les énergies autour de la protection de la planète et illustre la volonté de la France d’être à la pointe de la lutte contre le réchauffement climatique, précise un communiqué de l’Elysée adressé à eraenvironnement.com.
Le compromis du G20
A Hambourg, en Allemagne, les 20 dirigeants de la planète et représentants d’institutions internationales se sont mis d’accord pour relever des défis communs globaux : le terrorisme, les déplacements, la pauvreté, la famine, les menaces sur la santé, la création d’emploi, la sécurité énergétique, les inégalités notamment l’inégalité de genre et le changement climatique. Même si les Etats-Unis ont réaffirmé leur volonté de cesser la mise en application de leur plan national lié à l’Accord de Paris.
Malgré la volonté des Etats-Unis de se retirer de l’Accord de Paris, les dirigeants du G20 s’engagent à renforcer l’action climatique et la société civile s’en réjouit.« C’est la première fois qu’un sommet du G20 produit un plan d’action sur l’énergie et le climat, soulignant une liste de tâches progressives conjointes pour faire face aux changements climatiques, » a déclaré le réseau global de 1200 ONG luttant contre le changement climatique, Climate Action Network, à l’issue du G20.
Les leaders de la planète des 19 pays ont réaffirmé le caractère irréversible de l’Accord de Paris et ont réitéré leur volonté d’ honorer leur engagement en respectant la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, et en apportant aux pays en voie de développement les moyens financiers de mise en œuvre de l’Accord de Paris, par des actions liées à l’adaptation et à la réduction de gaz à effet de serre.
« Nous avons pris note de la décision des Etats-Unis d’Amérique de se retirer de l’accord de Paris, ont-ils déclaré dans le communiqué final parvenu à Eraenvironnement.com. Et de souligner : « Les Etats-Unis affirment leurs engagements forts d’avoir une approche de réduction d’émission [de gaz à effet de serre], tout en soutenant la croissance économique et en améliorant les besoins de sécurité énergétique. » Les Etats-Unis pourraient être amenés, en effet, à produire du gaz de schiste, un gaz se trouvant sous terre, dans de l’argile imprégné d’hydrocarbures.
Face aux mesures américaines
L’Amérique envisage d’ailleurs plusieurs collaborations.« Les Etats-Unis s’efforceront de travailler avec d’autres pays pour les aider à avoir accès aux énergies fossiles et les utiliser de façon plus propres et efficientes : ils aideront les pays à déployer les énergies renouvelables ainsi que d’autres sources énergétiques propres, en donnant l’importance à l’accès à l’énergie et à la sécurité dans leur plan d’action national, »précise le communiqué.
Mais, pour les scientifiques américains, le sommet du G20 est une réussite. « Le Sommet du G20 démontre fortement que le reste du monde avance avec les actions climatiques, laissant le Président Trump isolé par sa décision mal avisée de se retirer de l’Accord de Paris, » a affirmé à l’issue du Sommet, le scientifique Américain Alden Meyer, directeur de la stratégie et de la politque de l’Union of Concerned Scientist.
Et d’ajouter : « D’autres dirigeants comprennent que les changements climatiques menacent la prospérité et le bien être des citoyens, et sont impatients de capitaliser sur les énormes opportunités économiques offertes par l’efficacité énergétique et les solutions des énergies renouvelables.»
La croissance durable
Les dirigeants de la planète ont pris note des conclusions du rapport de l’OCDE , publié au mois de mai, intitulé “Investing in Climate, Investing in Growth” (Agir contre le changement climatique peut stimuler la croissance économique) et s’engagent à respecter le principe de responsabilités communes et différentiées.
Le rapport de l’OCDE montre que les mesures de lutte contre les changements climatiques pourraient accroître le PIB des pays du G20 de 1% d’ici 2021 et de 2,8% d’ici 2050. Les mesures d’élimination de certains effets des changements climatiques tels que les inondations côtières pourraient augmenter le PIB des pays du G20 de 5% net.
« A la lumière des circonstances nationales, nous nous accordons à mettre en œuvre le plan d’action Energie/Climat pour la Croissance du G20 d’Hambourg, » ont-ils déclaré.
D’après le plan d’action du sommet de Hambourg, les dirigeants de la planète ont aussi souligné l’importance de la mise en application du plan d’action de l’Agenda 2030 pour le développement durable en tenant compte des conclusions de la conférence d’Addis Abeba de 2015 sur le financement pour le Développement durable des pays en voie de développement notamment.
Dans le cadre de la mise en application de cet agenda le G20 « reconnaît l’importance de l’inclusion financière » comme un moyen d’éradiquer la pauvreté, de créer des emplois et de favoriser la parité et la promotion des femmes. Plusieurs chefs d’Etat dont le président américain Donald Trump, le premier ministre du Canada Justine Trudeau et la chancelière allemande Angela Merkel ont réaffirmé, lors d’un événement parallèle sur les femmes, leur ferme volonté de promouvoir les droits et les actions des femmes dans tous les domaines dans le monde, notamment dans les pays en voie de développement. A noter la présence remarquée de la fille du président américain, Ivanka Trump, qui se positionne depuis quelques mois comme fervente défenseure de la cause des femmes.
Le G20 et l’Afrique
Les dirigeants des 20 pays les plus riches du monde, dont l’Afrique du Sud fait partie, se sont engagés « à favoriser la croissance durable et inclusive de l’Afrique, notamment en contribuant à la création d’emplois décents pour en particulier les femmes et les jeunes, » précisent-ils dans la déclaration finale. Plusieurs chefs d’Etat africains ont participé à ce sommet, dont le président Macky Sall du Sénégal et celui de Guinée Conakry, Alpha Condé, coordinateur de l’initiative d’accès à l’énergie en Afrique et actuel président de l’Union Africaine. Ils ont discuté en particulier des migrations qui résultent, d’après le communiqué final, des conflits, des catastrophes naturelles et des violations humaines et autres abus.
Pour l’Education
Plusieurs partenariats unissent l’Afrique au G20 dont le Rural Youth Empowerment, l’initiative d’accès à l’énergie en Afrique. Les dirigeants du G20 ont accueilli chaleureusement les conclusions de la conférence récente sur le Partenariat Afrique/G20 qui encourage le renforcement des infrastructures, et l’amélioration des cadres d’investissement en Afrique, notamment dans l’éducation et le renforcement des capacités.
Le G20 a aussi pris note de la proposition du Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, d’établir un plan International de Financement pour l’éducation, en prenant en compte les autres initiatives de développement de l’Education telles que le « Global Partnership for Education. »Le prochain G20, prévu en 2018 en Argentine examinera cette proposition en détails, » selon le communiqué final.