COP 28 : « Oser partager la connaissance sur les transitions justes »- UNU-INRA-UTRECHT

Sharing is caring!

Par Houmi Ahamed-Mikidache

A Accra au Ghana, l’Université des Nations Unies, l’Institut des ressources naturelles (UNU-INRA) en Afrique ouvre aujourd’hui, en collaboration avec l’université d’Utrecht située aux Pays-Bas, un atelier sur le partage de connaissance. « Dare to share knowledge on just transitions », « Oser partager la connaissance sur les transitions justes » en français est une plateforme visant à faire comprendre le concept des transitions justes, élargir les horizons et donner la parole à tous pour répondre à la demande croissante d’équité dans l’accès aux ressources énergétiques en Afrique.

Pendant deux jours, plusieurs acteurs participent à cet évènement notamment des scientifiques, des enseignants, des chercheurs, des étudiants-chercheurs, des entrepreneurs, des experts sur le climat, des conseillers, des médias, des activistes, des négociateurs, mais aussi des parlementaires. Ils sont plus de 80 participants. Mais comment atteindre les transitions justes ? Pour y arriver, il faut d’abord comprendre ce que signifie ce terme, expliquent les experts présents sur place mais aussi en ligne. Cette conférence est aussi accessible en ligne.

Pour aborder les transitions justes

James Murombedzi en visioconférence, chef de la section des changements climatiques à la CEA

James Murombedzi, chef de la section des changements climatiques à la Commission économique pour l’Afrique ( CEA) rappelle dans une présentation de 15 minutes que ce concept est né dans les années 70 aux Etats-Unis lors d’un mouvement social. Le concept de transitions justes est repris aujourd’hui pour appeler à plus d’équité dans l’accès à l’énergie. Comment alors atteindre des résultats justes et équitables lors de la transition vers un avenir durable à faibles émissions de carbone?

Fatima Denton au micro, directrice de l’Université des Nations Unies à Accra- Photo credit: @eraenvironnement

Pour Fatima Denton, directrice de l’UNU-INRA, cette question est fondamentale. « Considérer le Niger comme un paradoxe, les ressources naturelles de ce pays peuvent contribuer à vaincre la pauvreté énergétique à laquelle sont confrontés de nombreux pays sur le continent. Mais l’essence de cette transition n’existe pas. Pourquoi? « Parce que nous ne sommes pas en mesure de partager ». La question selon la scientifique gambienne, et aussi dorénavant professeur à l’INRA, est de savoir comment rassembler? Pour quelle justice? pour qui? Justice pour quoi? Ces questions centrales sont posées à tous les participants de l’atelier. La réponse, elle, doit, selon Denton, doit passer par le terme démocratiser, le cœur de la plateforme Dare to share knowledge.

Pour Murombedzi, originaire du Zimbabwe, il est essentiel de comprendre comment les gens, en particulier les communautés, seront impliquées dans ces transitions justes. Mais qui sont ces communautés? De quelles communautés parle-t-il? les communautés urbaines? Les communautés rurales? les peuples autochtones? Comment aussi comprendre les partenaires au développement dans la lutte au changement climatique? Est-il si simple de comprendre le fonctionnement des politiques sur le continent et la relation avec les partenaires au développement? La société civile présente se pose ces questions et apporte son expertise.

Présentations des risques liés aux transitions justes par James Murombedzi

Des voix s’élèvent

 » Nous sommes des acteurs différents qui vivons dans des contextes différents, qui appréhendons le problème du changement climatique de façon différente », explique Paul Thiao de la Fédération des Organisations non gouvernementales du Sénégal. Pour le représentant de cette confédération paysanne, créée en 1976, il est aussi nécessaire de demander des comptes aux partenaires au développement et de communiquer sur les actions.

Paul Thiao, représentant de la fédération des organisations de la société civile du Sénégal- Crédit photo: Houmi Ahamed-Mikidache

 » Nous producteurs, nous qui sommes à la base, qui développons des stratégies, sommes limités. Où en sont les politiques en sont-ils dans leur engagement? « , demande l’agriculteur sénégalais. Pour lui, il est fondamental que chaque acteur sache quel est son rôle et y croit afin de s’engager.  » On a vu après la COP 21, les engagements étaient bien, tout le monde était content, mais la mise en œuvre est inexistante, ils ont fait en sorte de se protéger en précisant des phrases dans ce sens afin qu’il n’y ait aucune poursuite contre eux ». Paul Thiao fait référence aux déclarations des pays du nord dans l’Accord de Paris.

A noter que la question de la responsabilité historique dans l’accord de Paris est soulignée, mais toutes les contributions nationales déterminées, ces plans nationaux de développement sobres en carbone, sont volontaires sans effectivement aucune pénalité pour les états qui ne respectent pas leur engagement. Face à ce constat, comment l’Afrique doit-elle réagir?

Les solutions sont-elles réalisables?

En Afrique, les défis sont nombreux, souligne James Murombedzi tels que la gouvernance et la capacité institutionnelle, le transfert de technologie et le renforcement des capacités, l’égalité sociale et l’inclusion. Pour lui, il y a un risque à accéder à des transitions justes, sans une bonne approche à adopter. Dans sa présentation, Murombedzi explique que l’accès à l’énergie à faible émission de carbone peut être un risque. Le changement vers des énergies renouvelables sans informations au préalable pourrait affecter les communautés. La privation de terres peut provoquer un risque de conflit sur le continent si rien n’est fait en amont. La technologie à faibles émissions de carbone peut aussi poser problème si elle n’est pas enseignée. Mais les solutions sont possibles. « Pour réussir, une transition juste doit s’expliquer par une stratégie à long terme, la planification doit être au premier plan », souligne-t-il.

Il est urgent de comprendre les crises et de partager les connaissances, affirme Fatima Denton. Créer un espace est l’essence de cet exercice de deux jours. Tous les participants discuteront de la façon à créer cet espace de partage à travers plusieurs thématiques notamment celles sur la paix, l’éducation, les femmes, la jeunesse, l’entreprenariat et les communautés autochtones. Objectif: surmonter les inégalités et atteindre un chemin d’équité.

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