Après le départ des chefs d’Etat le 8 novembre, les discussions entre négociateurs se sont de plus en plus intensifiées comme dans toutes les COPs . Dans les couloirs, difficile de rester plus de cinq minutes pour s’alimenter. C’est le lot de chaque négociateur, du nord comme du sud. Aucune minute à perdre. Les salles se remplissent rapidement. Les groupes s’organisent et se coordonnent. C’est le cas des groupes des pays en développement. Lors de la clôture de la semaine de négociations ce samedi soir, le groupe des Petits Etats Insulaire en développement ( AOSIS en anglais), le groupe des négociateurs africains ( AGN) ainsi que la représentation des Pays les Moins Avancés ( LDCs), se sont tous joins au groupe 77+ Chine. Ce n’est pas vraiment étonnant. La plupart des pays représentés se retrouvent dans chacun de ces groupes.
Une présence américaine déconcertante ?
Pour ces états, les négociations en lien avec l’accord de Paris dont la transparence, le financement, l’adaptation et les pertes et dommages ne sont pas concluantes. La 27ème conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique est pourtant décrite comme la conférence de la mise en œuvre. Difficile à croire pour certains négociateurs des pays du Sud. « L’année dernière, à la COP 26, les Etats-Unis se sont engagés à verser 50 millions de dollars pour le fonds d’adaptation, mais jusqu’alors, nous n’avons rien vu », affirme Washington Zakata, négociateur en chef du Zimbabwe, membre du comité en charge du fonds d’adaptation.
Ce vendredi 11 novembre, la visite de Joe Biden , président des Etats-Unis, à Charm El Cheikh, accompagné d’une très forte délégation, dont Nancy Pelosi, la Présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, étonne les participants de la Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique. Pas si déconcertant. Les Etats-Unis veulent rassurer. Les résultats des élections américaines de mi-mandat ce 8 novembre sont en faveur des démocrates, mais il demeure une incertitude, les derniers résultats tardent à être publier. Ainsi, la COP 27 fut marquée cette semaine par des doutes de la société civile sur l’éventualité pour les Etats-Unis de revenir sur leurs engagements destinés à la lutte contre le changement climatique au niveau domestique et au niveau international.
Pour plus de transparence
A Charm El Cheikh, plusieurs annonces phares ont été présentées par le président des Etats-Unis, notamment celle sur le doublement du fonds d’adaptation à hauteur de 100 millions de dollars. Mais, les négociateurs des pays du sud restent dubitatifs. « Nous devons savoir exactement ce que représente cet engagement financier et savoir si la somme annoncée en 2021 et celle de cette année destinée au fonds d’adaptation sont liées , » explique, en aparté des discussions, un négociateur sous couvert d’anonymat.
Autre dualité : la question de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la promotion des activités liées à la lutte contre le changement climatique présentées lors d’événements parallèles cette semaine. Pour la société civile, notamment le réseau de l’action climatique ( The Climate Action Network), il y a cette année une très forte présence d’entreprises liées aux énergies fossiles. L’atteinte des 1,5 degrés demandée lors de l’accord de Paris serait en péril. Dimanche 13 novembre indique la fin de la première semaine de négociations et le jour de repos officiel de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique ( CNUCC). Après plusieurs marches de mécontentements de la société civile ce samedi, les participants de la conférence sont appelés à revenir lundi. A suivre.
Houmi Ahamed-Mikidache à Charm El Cheikh