COP 22-Les Acteurs non étatiques: ” Nous voulons accéder aux salles de négociations en donnant notre avis”- Saïd Chakri
Saïd Chakri est spécialiste des questions d’éducation et de justice sur le climat au Maroc et dans le monde arabe. A Marrakech, sur le site de Bab Igli, il milite pour une meilleure intégration de la société civile dans les négociations. Entretien.
Par Houmi Ahamed-Mikidache
Eraenvironnement.com: La présidence marocaine a décidé de mettre en avant la société civile pendant la COP. Quelle est votre marge de manœuvre pendant les négociations ? Quelles sont vos actions ?
Saïd Chakri:La présidence marocaine de la COP 22 a déjà initié certaines rencontres de préparations à différentes échelles surtout lors de la rencontre du 17 octobre avec les représentants de la société civile marocaine et internationale où il a été décidé un positionnement privilégié de la société civile. A l’échelle nationale, la COP 22 est une occasion où la société marocaine s’est organisée en alliance pour la société civile environnementale ( AMCDD) et en coalition pour les autres dynamiques qui est la Coalition Marocaine pour la Justice Climatique ( CMJC).
Sincèrement la marge de manœuvre reste limitée, et basée surtout sur des relations personnelles avec les négociateurs et certains experts du GIEC lors des rencontres privées et aussi par des questions lors des événements parallèles. Nos actions constituent à nous organiser en formant des coalitions internationales qui regroupent les divers acteurs. Mais, nous voulons accéder aux salles de réunion en donnant notre avis, sur les questions sensibles comme la transparence dans les financements, la priorité de l’adaptation , la nécessité des renforcements des compétences et surtout le droit à l’accès à l’information.
Les femmes sont- elles au coeur des négociations ?
La question des femmes n’a pas encore pris sa place normale dans les négociations. La preuve: elle est mentionnée seulement dans le préambule de l’accord de Paris et il n’y a pas d’article clair , ni de décision et non plus de plan d’action. J’espère que lors de la COP 22 la communauté internationale respectera les anciennes décisions prise à Doha et à Cancún et on aura un agenda clair pour les femmes.
Le financement climat et l’adaptation sont l’une des priorités de la COP, comment percevez-vous les différentes démarches de la présidence de la COP 21 et celle de la COP 22 ?
Le slogan de la COP 22 est une COP d’action et aussi une COP pour l’Afrique. Sincèrement, on ne peut pas attendre des résultats dans ce sens sans avoir la transparence sur l’origine de ce financement, et aussi sa durabilité, sans avoir des décisions claires sur la part d’adaptation . C’est dans cette perspective que la présidence doit pousser les pays développés à clarifier leur engagement selon un agenda bien défini.
Pensez-vous que la COP 22 est plus importante que la COP 21?
Je pense que la COP 22 est plus difficile que la COP 21. Décliner l’accord de Paris en articles d’applications pour arriver à des résultats qui auront des impacts directs sur le terrain est une mission presque impossible. S’il n’y a pas vraiment de volonté des pays riches d’une part et s’il n’y a pas d’engagements des pays pauvres, d’autre part
En tant que Marocain, comment envisagez-vous de travailler avec les autres organisations de la société civile africaine et arabe? Avez-vous des liens avec celles des Emirats Arabes Unis?
Lors de la COP 22 on aura l’occasion d’organiser une grande rencontre de la société civile africaine appelée COPAfrica. C’est une plateforme qui va réunir et harmoniser le travail de la majorité des dynamiques africaines qui œuvrent dans ce domaine. Aussi l’année 2014, on a mis en place CAN Arab World qui réunit toutes les associations et réseaux du monde arabe pour avoir aussi une coordination arabe pour ce sujet et tout le monde est invité à y participer.
Le Maroc dispose de ressources humaines qualifiées, pensez-vous que les jeunes pourront avoir accès aux emplois vert facilement dans votre pays ?
L’emploi vert est un sujet prioritaire au Maroc. Il y a un grand effort déployé par l’état et la société civile, mais il nécessite encore plus d’engagements surtout du secteur privé et surtout des banques pour encourager les jeunes à investir dans ce domaine.