Changement climatique- Lancement du registre international des NDC
Par Houmi Ahamed-Mikidache
Un registre international provisoire des contributions déterminées au niveau national est dorénavant disponible. Il vient d’être annoncé par communiqué de presse, venant du secrétariat de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sur les changements climatiques. Ce registre temporaire est le principal instrument d’enregistrement officiel des mesures prises par les pays en vertu de l’Accord de Paris.
L’Accord de Paris comprend un changement de statut juridique de ces plans d’action pour le climat, transformant ce qui étaient des intentions, ou INDC, en plans d’action concrets , connus aussi sous le nom de NDC.
Selon le secrétariat de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), ce lancement de registre est une étape clé pour l’application de l’Accord de Paris qui a maintenant été signé par 177 pays. Il s’agit d’une voie totalement transparente de communication où chacun peut parcourir et rechercher des renseignements sur ce que les pays font pour lutter contre les changements climatiques, précise le communiqué de presse du Secrétariat de la Convention.
A ce jour, 189 intentions de plans d’action nationaux ont été soumises à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. Selon l’ONU, la ratification de l’accord de Paris par un pays peut entrainer le changement du statut de la contribution nationale. La ratification peut supprimer l’ancienne présentation de l’intention de plan d’action national en la nommant comme le premier plan d’action national concret présenté par le pays. Mais libre aux pays de changer de statut. Chaque pays peut aussi modifier le contenu des intentions de plans d’actions nationaux en soumettant un nouveau plan d’action national.
Ces plans d’actions concrets, présentés en amont de l’accord de Paris, décrivent les politiques et mesures climatiques des pays pour réduire les émissions et s’adapter aux changements climatiques dans de nombreux secteurs. Ils se traduisent notamment par le transfert des énergies fossiles aux énergies renouvelables, et aussi par une meilleure gestion des terres, de l’urbanisme et des transports.
L »accord de Paris a réaffirmé la volonté de chaque pays de contribuer à l’effort international afin d’assurer un avenir durable pour tous en maintenant l’élévation de la température mondiale depuis l’époque préindustrielle bien en dessous de deux degrés Celsius, avec une préférence pour la limiter à 1,5 degrés, fait remarquer le communiqué.
« L’Accord de Paris a marqué le début d’une nouvelle ère dans la coopération internationale sur les changements climatiques », a déclaré la Secrétaire exécutive de la CCNUCC, Christiana Figueres. Et d’ajouter : «Le lancement du registre public intérimaire pour les NDC soutient la confiance et la bonne volonté collectives qui ont conduit à l’accord historique, et représente un nouveau jalon sur la voie de sa mise en œuvre »
Pour Niklas Höhne de New Climate Institute et l’un des auteurs du rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, intitulé « the Emission Gap report 2015 », les pays les plus pollueurs doivent contribuer massivement à la réduction de gaz à effet de serre, même si tous les pays doivent le faire. Basés sur du volontariat, les plans d’actions nationaux actuels ne permettent pas à ce jour d’atteindre les 1,5°Celsius. « La marge est si grande que chaque pays doit voir ce qu’il peut faire. Les africains, en particulier, peuvent saisir des opportunités à travers les plans d’actions nationaux et dire qu’ils peuvent réaliser certains projets par leurs propres moyens. Mais, je pense que les pays développés ont le devoir d’aider les pays africains, » explique M. Höhne
L’Accord de Paris établit le principe que les futurs plans nationaux ne seront pas moins ambitieux que ceux qui existent déjà. Les contributions nationales devraient être rendues plus ambitieuses au fil du temps alors que le financement climat et d’autres formes de coopération multilatérale, stimulés par l’accord, soient mobilisés, rappelle le secrétariat de la Convention. Le texte de Paris prévoit une révision à la hausse des contributions nationales tous les 5 ans. Un bilan collectif aura lieu tous les 5 ans, le premier en 2023. En 2018, selon la décision qui accompagne l’accord, les pays se rencontreront pour évaluer leurs progrès.
Le registre public intérimaire des NDC sera présenté le 18 mai, en parallèle de la prochaine réunion de négociations à Bonn ( Allemagne), une réunion en amont de la 22è Conférence des parties à la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques (COP22).
Présente récemment à Washington lors du Sommet Climate Action* , la Ministre marocaine déléguée en charge de l’environnement, Hakima El Haité a affirmé que la COP22 prévue du 7 au 18 novembre prochain à Marrakech, sera celle de “l’action” et de la mise en œuvre.
A Bonn, pendant la session du 16 au 26 mai prochain, les pays auront l’occasion de formuler des commentaires sur la conception et les caractéristiques du registre.