La journée mondiale du recyclage a lieu tous les 18 mars depuis 6 ans. Initiée par le Bureau of International Recycling , cette journée vise à sensibiliser la population aux enjeux liés à la gestion des déchets réutilisables. Il s’agit en effet de lutter contre l’incinération ou l’enfouissement des déchets, mais aussi de soutenir le réemploi et le recyclage des matières et matériaux. En France, la crise liée à l’adoption de la réforme des retraites, impliquant la grève des éboueurs notamment à Paris, permet de comprendre les engagements liés à la gestion des déchets dans l’hexagone et ses départements d’outre-mer. Description.
Par Houmi Ahamed-Mikidache
La journée internationale du recyclage met un point d’honneur depuis six ans à valoriser les matières et les matériaux recyclables. Mais la liste est longue et les défis sont nombreux. La sensibilisation des consommateurs autour des conséquences liées à l’usage du plastique en fait partie. Le 2 mars 2022, les Nations Unies ont approuvé un accord historique, le premier accord mondial sur la pollution plastique. Adopté à l’issue de la cinquième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement, cet accord a pour objectif de mettre fin à la pollution plastique par un traité juridiquement contraignant qui devrait être disponible en 2024. Ce traité devrait permettre de couvrir les mesures que chaque état doit prendre tout au long du cycle de vie du plastique.
Les mesures liées à la loi Anti-Gaspillage
En France, les consommateurs, les distributeurs et les producteurs sont appelés, depuis quelques années, depuis la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, à une meilleure prise de conscience de l’usage du plastique. Les emballages professionnels (palettes, films, caisses, etc.) seront concernés par une nouvelle filière à Responsabilité Elargie des Producteurs (REP), à compter du 1er janvier 2025. Cela permettra de développer le recyclage de ces emballages ainsi que le réemploi. Plus de 1 million de tonnes d’emballages plastiques sont utilisées dans le secteur professionnel.
Une concertation nationale a été lancée le 30 janvier dernier pour partager des solutions de recyclage. La consigne fait partie des solutions étudiées, ainsi que d’autres leviers. Son objectif : permettre de prendre une décision à l’été prochain sur les nouvelles solutions de collecte à déployer d’ici 2029. Le taux de collecte de bouteille en plastique est de 61 % en France et selon le gouvernement devrait atteindre 90 % d’ici 2029.
D’ici 2040, les emballages plastiques ne devraient plus être visibles dans les commerces, assure le gouvernement. Il est dorénavant interdit aux restaurants, notamment pour les fast-foods, de proposer de la vaisselle jetable pour des repas consommés sur place. Depuis le 1er janvier 2023, les établissements de restauration pour les repas consommés sur place doivent servir dans de la vaisselle lavable et réutilisable. Depuis le 1er janvier 2022, certains fruits et légumes comme les bananes, les pommes, les poires ou encore les poivrons, ne doivent plus être emballés dans du plastique. Mais, cette interdiction n’est pas toujours respectée. Un nouveau décret sur le plastique des fruits et légumes sera adopté fin mars 2023.
L’info-tri, une signalétique lancée l’été dernier
Il est possible pour le consommateur de mieux trier ses produits usagers avec l‘info-tri ,une signalétique lancée l’été dernier. Cette signalétique précise les solutions pour trier les déchets et les produits usagés (bac de tri, déchetterie, point de collecte, magasin…). D’après le ministère de la transition écologique, 100 milliards de produits et emballages vendus chaque année seront équipés de l’ info-tri. Cette signalétique permet aussi de savoir quel est l’indice de réparabilité du produit acheté. La loi prévoit que l’indice de réparabilité devienne un indice de durabilité à partir de 2024. En plus de la facilité à réparer, cet indice de durabilité prendra en compte de nouveaux critères comme la robustesse, la fiabilité et l’évolutivité des produits. Les smartphones, les TV et les lave-linges seront les premiers concernés. Selon une étude de l’Agence de l’Environnement de la Maîtrise de l’Energie ( ADEME) menée en 2021, plus de 8 Français sur 10 ont déclaré qu’ils prendraient en compte l’indice de réparabilité lors de leurs futurs achats. Les consommateurs sont aussi appelés à plus de responsabilité.
Depuis quelques années, le consommateur est encouragé à trier ses déchets. Mais ce système de tri n’était pas étendu à toute la France. Depuis le 1er janvier 2023, 95 % des habitants peuvent désormais trier les emballages plastiques dans un bac jaune mis à disposition afin que ces plastiques soient recyclés. A partir de 2025, les poubelles de tri devraient être plus largement déployées dans l’espace public : les parcs, les rues, les places seront ainsi équipées de poubelles permettant aux Français de trier leurs déchets même en dehors de chez eux, dans le but d’améliorer la collecte et le recyclage. D’après le ministère de la transition écologique, chaque année, les consommateurs français génèrent 1,2 million de tonnes d’emballage plastique qui pourraient permettre d’être collectés par ce bac jaune, et développer de nouvelles filières de recyclage.
Pour la seconde vie d’un produit
Depuis le 1er janvier 2023, les fabricants ont pour obligation de fournir au consommateur une information plus complète et transparente sur les caractéristiques environnementales des produits. Il est notamment obligatoire pour les fabricants de textiles d’indiquer la traçabilité géographiques des différentes étapes de fabrication, mais aussi sur la présence éventuelle de microfibres plastiques. Il est aussi interdit depuis le 1er janvier 2022, d’éliminer des produits invendus. Plusieurs dispositifs ont été mis en en place afin de donner une deuxième vie aux produits, repenser leur conception et ainsi préserver les ressources de la planète. Une nouvelle feuille de route 2023-2028 pour transformer la filière du textile a été récemment adoptée par le gouvernement. Elle permettra entre autres de mieux collecter et d’atteindre 60 % de textiles recyclés en 2028, de mieux recycler avec l’objectif d’atteindre 80 % de textiles recyclés la même année en développant la filière de recyclage des textiles et en permettant le développement de la seconde vie des textiles tout en finançant les associations qui remettent en état les textiles usagés.
Depuis le 15 décembre 2022, les consommateurs peuvent se rendre dans les points de réparation labélisés afin de bénéficier d’ un « bonus réparation », une réduction forfaitaire du prix de la réparation qui permet d’allonger la durée de vie d’un produit électrique. En 2023, selon le ministère de la transition écologique, ce bonus réparation sera progressivement étendu à d’autres produits du quotidien : les articles de sport, les articles de bricolage et de jardin, les vêtements textiles, les chaussures, et les meubles. D’après le gouvernement, d’ici quelques années, ce seront 250 millions d’euros de bonus réparation qui seront ainsi versés aux consommateurs qui font réparer leurs produits. Autre mesure : l’Etat recommande dorénavant de déposer des produits usagés directement en magasin dans des bornes de collecte spécifiques mises à disposition. Ces objets peuvent avoir une deuxième vie ou seront sinon recyclés.