Maroc : L’industrie de l’arganeraie s’adapte aux changements climatiques

Argane

Maroc :  L’industrie de l’arganeraie au Maroc s’adapte aux changements climatiques

 

Depuis une quinzaine d’années, des efforts sont déployés pour définir les conditions d’un développement durable et d’une approche participative de l’exploitation de systèmes agro forestiers de l’arganeraie. Explications.

Par Amine Fikri

Que représente l’arganeraie au Maroc ?

 

L’arganier produit de petits fruits de forme ovale, verts à jaunes, devenant bruns à maturité et contenant une coque très dure renfermant une à trois amandes. Ces dernières permettent l’extraction de la fameuse huile d’argane. Aujourd’hui, la renommée de l’huile d’argane dépasse largement les frontières du Maroc. L’engouement croissant que l’huile d’argane suscite auprès des populations occidentales (Europe, USA) et extrême-orientales (Japon) en témoigne aisément. Ces populations, qui n’ont découvert l’huile d’argane que récemment, voient en elle un produit rare, pur, naturel, inaltéré et qui permet l’alliance d’une alimentation savoureuse et saine et d’une hygiène alimentaire préservée et de qualité. L’huile d’argane est une huile alimentaire et diététique, elle est préparée selon un protocole rigoureux et ancestral, transmis de génération en génération depuis des siècles.

Un système juridique stable

Le modèle socio-économique de l’exploitation de l’huile d’argan est resté traditionnel, organisé d’une part autour d’une structure socio-juridique particulière et qui fonctionne d’autre part sur la base de productions variées. Depuis 1925, une loi reconnaît aux usagers des droits d’usage de cette ressource domaniale où ils cultivent du blé entre les arbres, font paître leurs chèvres, et récoltent les fruits qui tombent en été pour en extraire une huile appelée argane.

Les étapes de sa préparation

L’huile d’argane est une huile alimentaire et diététique, elle est préparée selon un protocole rigoureux et ancestral, transmis de génération en génération depuis des siècles. Les différentes étapes de la préparation de l’huile d’argane ont longtemps été entièrement manuelles, de la récolte des fruits de l’arganier jusqu’à l’extraction proprement dite de l’huile. Elle est accomplie selon un savoir faire ancestral réservé aux femmes de l’arganeraie. Cependant, depuis 1996, les coopératives et quelques industriels ont mis au point une méthode d’extraction semi-mécanisée. Cette technique permet la préparation reproductible, dans des conditions moins pénibles pour les femmes, d’une huile de meilleure qualité sanitaire et analytique.

L’extraction de l’huile d’argane, selon la méthode artisanale, nécessite de longues heures d’un travail physique et difficile. En effet, il faut compter en moyenne une vingtaine d’heures de travail pour produire un litre d’huile. Le rendement d’extraction est d’environ 1 % par rapport aux fruits et de 30 % par rapport aux amandons. Ceci explique aisément pourquoi l’huile d’argane est actuellement l’une des huiles les plus rares et les plus chères du monde. Le fruit débarrassé de la pulpe donne un noyau qui est concassé manuellement pour en garder l’amande. Celle-ci est ensuite pressée pour obtenir l’huile. Pour la préparation de l’huile de qualité alimentaire, les amandes sont d’abord torréfiées puis pressées. Cette étape supplémentaire confère à l’huile une légère odeur de noisette.

L’argane : une solution pour le développement

L’arganeraie marocaine occupe environ 830.000 hectares au sud-ouest du Maroc. Dans ces zones semi-arides et arides, près de 90 % de l’économie rurale de la région d’arganier dépend du système agro-forestier de l’arganier. Plus de 2 millions de personnes sont concernées par l’exploitation de systèmes agro forestiers traditionnels reposant sur l’arganier. Mais en raison d’une surexploitation, ce milieu fragile est menacé, d’après les spécialistes du secteur. Ainsi, depuis une quinzaine d’années, des efforts sont déployés pour définir les conditions d’un développement véritablement durable en adoptant l’approche participative.

L’huile d’argane est certainement la production sur laquelle pourrait reposer un projet de développement socio-économique.  L’huile d’argane est la production la plus notoire de la région. Cette production contribue à hauteur de 40 % des besoins du cheptel de l’arganeraie estimé à 1,5 million de têtes dont 65 % de caprins. Face à une demande extérieure croissante, le secteur de l’arganeraie doit permettre la réduction de l’extrême pauvreté, notamment dans les milieux ruraux. Des milieux qui s’adonnent à l’agriculture de manière générale.

Le secteur de l’argarneraie  constitue, en effet,  une source de revenus supplémentaires pour les populations rurales les différentes branches d’activité de l’arganier sont devenues une opportunité de développement, particulièrement en faveur des femmes. Il reste cependant à vérifier que le partage de la plus-value est équitable.  Une part suffisante des revenus tirés de l’huile devrait revenir réellement aux usagers de l’arganeraie, afin qu’ils deviennent des acteurs efficaces de la protection du milieu, selon les spécialistes du secteur.  L’arganeraie assure ainsi la subsistance de près de 2 millions de personnes, dont approximativement un million en milieu rural. Les différentes productions de l’arganeraie fournissent plus de 20 millions de journées de travail, dont 7,5 millions de journées essentiellement féminines pour la seule extraction de l’huile d’argane. L’arganeraie joue donc un rôle socio-économique et environnemental de première importance. Le système traditionnel de production et de commercialisation de cette huile a en effet évolué très rapidement ces dernières années, avec la création de coopératives et de petites entreprises privées.

L’arganier : source de protection écologique

Sa situation géographique, son climat, ses vastes plaines et plateaux et l’importance de ses chaînes de montagnes confèrent au Maroc une grande variété bioclimatique et une importante diversité bio écologique. L’arganier, arbre endémique au Maroc, constitue dans ce contexte, la deuxième essence forestière du pays, après le chêne vert et juste avant le thuya. C’est un arbre qui peut vivre jusqu’à 200 ans. Certains sujets de 250 ans ont pu être observés. La forêt d’arganiers, aussi appelée arganeraie, s’étend sur plus 800 000 hectares et compte plus de 20 millions de pieds. Cet arbre de la famille des sapotacées est particulièrement résistant aux conditions sèches et arides de cette région. Il peut en effet supporter des températures allant de 3 à 50 °C et se contenter d’une pluviométrie très faible.

L’arganier pousse d’une façon sauvage et en abondance dans les zones arides et semi-arides du Sud-ouest marocain, où il joue un rôle irremplaçable dans l’équilibre écologique et dans la préservation de la biodiversité. Grâce à son système racinaire puissant, il contribue au maintien du sol et permet de lutter contre l’érosion hydrique et éolienne qui menace de désertification une bonne partie de la région. L’arganier présente également un grand intérêt économique grâce à ses usages multiples. Chaque partie de l’arbre est utilisable et constitue une source de revenus ou de nourriture pour l’usager : le bois est utilisé comme combustible, les feuilles et les fruits sont un fourrage pour les caprins et les camelins, et l’huile extraite de l’amande est utilisée pour l’alimentation humaine et en médecine traditionnelle.

 

aminefikriEtudiant  en master Changement Climatique et développement durable à la faculté des sciences Kenitra au Maroc, Amine Fikri, 24ans,  collabore depuis quelques mois avec eraenvironnement.com.

Sa spécialité : l’analyse spatiale et statistique, ainsi que les règles de représentation cartographique. Amine possède un DUT en Aménagement du territoire et environnement ( Ecole Normale Supérieure de Tétouan)  et une licence en Sciences, Techniques Géomantique et Aménagement du Territoire à FST de Beni Mellal. Militant associatif, Amine est le  secrétaire générale de l’association Chantiers jeunesse Maroc, une association créée en 1961.

 

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Eraenvironnement.com est un site internet français fondé en 2013 par Houmikouloussoumi ( Houmi) Ahamed à Paris. Il diffuse des articles spécialisés autour du journalisme de solutions. Les mots Era et Environnement sont deux mots anglais et français. Il signifient ère(  traduction du mot anglais era) et Environnement (mot français). Era Environnement représente une ambition globale  d'impulser une nouvelle approche de l'éducation environnementale à travers le journalisme. Anciennement situé à Paris, Era Environnement était une association de loi 1901 créée en 2016. Elle a été dissoute en 2017.  Le site internet publie régulièrement  des analyses sur les actions de coopération sud-sud ainsi que les relations nord-sud. Il traite des  informations sud-nord liées à l'environnement. Il traite du changement climatique et des questions de développement durable. Fin 2018, Houmi Ahamed s'installe aux Comores, dans l'Océan Indien. S'inscrivant dans sa démarche de journalisme de solutions et d'éducation environnementale, elle dirige en 2019 Era Environnement SARL, une entreprise créée en 2018 dans l'archipel des Comores. Era Environnement SARL mène au mois de novembre 2019 un projet significatif dans petit état insulaire, marquée par de nombreuses crises politiques. Cette initiative innovante vise à former dix jeunes femmes issues de zones rurales et côtières . Le cœur du projet est de mettre en lumière des solutions concrètes face au changement climatique en valorisant les savoirs traditionnels comoriens. Un accent particulier est mis alors sur le village natal des parents de Houmi Ahamed, soulignant l'importance d'une approche communautaire et enracinée dans la culture locale pour l'éducation environnementale.  Ce projet se concrétise par la création d'une radio en ligne, radio Era Environnement. Avec le soutien de l'UNESCO, cette initiative illustre l'engagement d'Era Environnement pour des actions pratiques et basées sur l'implication des communautés dans la compréhension des enjeux environnementaux. Aujourd'hui, l'entreprise ERA ENVIRONNEMENT SARL n'existe plus aux Comores. Elle est en phase de restructuration en France. Son objectif actuel  est de mettre en œuvre de nouveaux projets qui intègrent spécifiquement la jeunesse, soulignant ainsi davantage son engagement envers les générations futures et le développement durable.

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