COP 30: les négociations s’intensifient
Le premier projet de texte voit le jour finalement mardi matin. Après avoir formellement présenté son mode de fonctionnement, la présidence brésilienne met donc en place une task force. Cette task force autour du muturâo, doit permettre la délivrance de deux paquets politiques. Deux ministres (Nord/Sud) vont conduire les travaux pour chaque thématique. Sous la supervision des architectes de la COP30.
D’après la présidence de la COP30, la décision finale doit avoir lieu autour d’un paquet politique ambitieux. Les consultations sont dirigées cette semaine par deux ministres ( Nord-Sud) pour chaque thématique. Le premier paquet comprend plusieurs thématiques « interdépendantes », et le second comprend des aspects plus techniques.
Que retrouve-t-on dans ce texte ?

Ce document de 9 pages met en avant quatre thématiques :
- La mise en oeuvre de l’Article 9, paragraphe 1, de l’Accord de Paris ( Sur le financement notamment)
- La promotion de la coopération internationale et le traitement des préoccupations liées aux mesures unilatérales restrictives au commerce en rapport avec le changement climatique.
- La réponse au rapport de synthèse sur les contributions déterminées au niveau national et la gestion de l’ambition de 1,5°Celsius du déficit de mise en oeuvre
- Les rapports et examens conformément à l’Article 13 de l’Accord de Paris: Synthèse des rapports biennaux de transparence discutés dans les consultations la première semaine.
» Nous avons eu de sérieuses consultations aujourd’hui avec les groupes . Les groupes que nous avons vus nous ont dit que le texte présenté aujourd’hui est une base de travail », déclare le président de la COP, André Corrêa do Lago à la presse mardi soir lors d’une conférence de presse.
Mais il y a des contradictions
Le texte s’intitule « Mutirão Mondial : unir l’humanité dans une mobilisation mondiale contre le changement climatique ». Dans ce document, des contradictions apparaissent toutefois. La contradiction la plus nette est celle de l’atteinte des 100 milliards. Il y a deux options. L’option 1 affirme que l’objectif de 100 milliards de dollars fut atteint en 2022. Elle attend la preuve pour 2023. L’option 2, à l’inverse, sonne l’alarme. Il manque les 100 milliards. Seuls 60 milliards, en moyenne sur deux ans, ont atteint les pays en développement (Rapport BTR).
Fanny Petitbon, responsable de l’équipe France de l’ONG 350.org, soulève une autre incohérence. Il y a selon elle un manque de clarté dans le document. » Le texte n’a pas de plan pour atteindre pleinement l’objectif collectif de financement climatique convenu à Bakou – ignorant les sources de financement innovantes comme la taxation des grands pollueurs et des super-riches, et omet de garantir un accès direct pour les plus vulnérables, y compris les Peuples Autochtones. »
Le CBAM, l’autre point de divergence
Autre problématique: les mécanismes d’ajustement carbone aux frontières, souvent appelés CBAM*. C’est en effet un élément problématique majeur abordé dans le texte provisoire. 10 ans après l’adoption de l’Accord de Paris, les Etats-Unis signataires de l’Accord de Paris en 2015 se sont retirés. Les tensions entre pays développés et en développement sont-elles plus exacerbées? Le texte révèle un débat enclin à de fortes divergences. Un fossé stratégique se pose sur la gestion des liens entre commerce et climat. Pour cette thématique, il y a quatre options.
L’option 1 se limite à un dialogue technique souple via des ateliers inter-COP avec l’OMC et la CNUCED.A contrario, l’option 3 propose la création institutionnelle d’une Plateforme de Surveillance permanente. Elle est destinée à examiner de manière critique les impacts des mesures unilatérales sur les pays en développement. L’option 2 se positionne en amont, privilégiant la réaffirmation de principes normatifs anti-discrimination et un dialogue consultatif régulier. Pour conclure, l’option 4 cherche la politisation maximale du sujet en proposant un Sommet de Haut Niveau de l’ONU en 2026. La divergence est claire. Elle oppose la simple consultation des experts (option 1) à l’établissement d’une structure critique (option 3) ou à une impulsion politique mondiale (option 4). Cette mesure vise à lutter contre les effets des changements climatiques. Mais qu’en est-il de l’objectif de 1,5°C.
La sortie des énergies fossiles est-elle possible ?
Pour Andreas Sieber, Directeur Associé de la politique des campagnes de 350.org, « les bons ingrédients » sont présents dans le texte. Pourtant, leur dispersion dans des options de négociation contradictoires crée une incertitude stratégique.
« Une feuille de route pour atteindre l’objectif 1,5 qui n’a pas en son cœur une sortie crédible des combustibles fossiles est creuse« , relève-t-il. Dans le texte, il n’y a pas de consensus sur le niveau d’ambition à donner aux efforts de transition énergétique. « La Présidence de la COP30 doit tenir compte des nombreuses Parties, y compris le Président Lula, qui appellent à une voie de transition claire et la placer là où elle doit être : au centre de la réponse au 1,5, équilibrée par un financement adéquat. Sans cela, l’effort global sera insuffisant », conclut-il. Les négociations se poursuivent et s’intensifient jours et nuits.
Par Houmi Ahamed
*CBAM: climate change related trade-restrictive unilateral measures, signifiant en français mesures unilatérales restrictives au commerce en rapport avec le changement climatique
Share this content:


